Musicien franco-italien installé au Canada, Giuliano Gullotti a sorti en octobre dernier un album de musique électronique, tendance ambient, appelé "Thaw". Après des années de pause, il s’est remis à la musique en grande partie grâce à son Joué Pro qui lui a permis une nouvelle approche de la composition : intuitive, créative et dans son jardin !
Ton album ‘Thaw’ est sorti cet été sur ton propre label, Eolian Sounds. Mais tu avais plus ou moins arrêté la musique depuis quelques années, c’est juste ?
J’ai toujours fait de la musique, principalement dans des groupes quand j’étais plus jeune, où je faisais du clavier. Mais à côté de ça, j’ai commencé à faire de la musique électronique seul, sous le nom Amberhaze. J’ai habité à Singapour, et j’ai sorti un EP et deux albums sur un label indépendant là-bas. Ensuite, je suis parti vivre dans le Saskatchewan, et pendant longtemps j’ai mis un peu la musique de côté. Et puis cette année, notamment en raison du confinement qui m’a donné plus de temps libre, je m’y suis remis. C’est revenu assez rapidement, grâce au Joué Pro en grande partie ; grâce à lui, je peux faire de la musique même dehors, dans mon jardin. Et de fil en aiguille, ces compositions sont devenues un album.
Donc le Joué Pro a été un élément moteur dans cette renaissance ?
Oui, tout à fait. Ça a été un processus très naturel. Pas besoin de s’asseoir devant un bureau et d’attendre que tout s’allume : avec le Joué Pro et ses pads, on peut faire de la musique de façon plus spontanée, ça rend la phase créative plus naturelle. J’avais un Joué Pro depuis quelques années car l’objet m’avait intéressé à sa sortie, mais c’est cette année que j’ai vraiment appris à exploiter tout son potentiel.
« Le Joué m’a permis de composer des mélodies différentes de ce que je fais d’habitude et d’explorer des sons différents. »
Est-ce qu’utiliser le Joué Pro a un impact sur ta façon de composer ?
Ça dépend des pads que j’utilise. Pour cet album, j’ai beaucoup utilisé le Scaler qui permet de faire des gammes dans des modes plus variés que les classiques majeur/mineur. Comme tu ne vois pas les notes en noir et blanc comme sur un clavier classique, toutes les notes deviennent égales, tu es donc moins limité par ta connaissance de la musique et tes réflexes de composition habituels. Ça m’a permis de ne pas utiliser les mêmes bases sonores que d’habitude. Je suis aussi guitariste, donc j’ai beaucoup utilisé le Fretboard Pad : là aussi, ça m’a permis de composer des mélodies différentes de ce que je fais d’habitude et d’explorer des sons différents. Quand on fait de la musique depuis longtemps, utiliser le Joué Pro permet de ne pas faire un morceau comme on le fait d’habitude. Le scaler et le fretboard m’ont vraiment fait aborder les sons électroniques d’une façon différente, et puis avec eux je peux créer des sons que je ne pourrais pas faire avec un clavier.
Tu t’en es servi pour créer l’album de A à Z…?
Pas tout à fait, mais la plupart des morceaux ont été créés sur le Joué Pro, ne serait-ce que les pistes fondamentales. J’ai aussi utilisé mes claviers, mais toute les bases, je les ai faites avec mon Joué Pro.
Pour quelle raison tu as privilégié ce contrôleur par-dessus tout ?
Je voulais aborder cet album comme une renaissance, d’où son titre, ‘Thaw’, car c’est vraiment un dégel, la fin d’une longue pause. C’est aussi un retour pour lequel je me suis dit que j’allais créer des morceaux qui ne soient pas basés mes réflexes acquis en trente ans derrière un piano ou un clavier, mais en utilisant un périphérique différent, qui ressemble à un clavier mais qui peut aussi faire d’autres choses. Je voulais voir si ça me permettrait de faire de la musique d’une façon un peu différente, du coup le Joué Pro est devenu central dans ce que j’avais en tête. En plus, les sons que je cherchais, plus ambient, n’étaient pas forcément jouables sur un clavier classique mais avec les modules du Joué Pro qui permettent de créer des pitch bends différents.
Maintenant que ton album est terminé, tu vas remettre ton Joué Pro au placard ?
Non, pas du tout. Le Joué Pro reste central dans ma pratique de la musique. Déjà, j’aime bien l’objet : il est très invitant avec sa finition en bois et son aspect attrayant. D’un simple point de vue esthétique, ça t’invite à l’utiliser. Donc non, je ne le range pas, je m’en sers toujours ; je le garde toujours à portée de main.
Retrouvez l’album de Giuliano Gullotti sur https://eoliansounds.bandcamp.com/
Interview par Patrick Haour